Cher petit garçon d’Alep,
J’habite à Houston et je t’ai vu sur une vidéo sur Facebook il y a quelques jours… Tu te rends compte, tu as à peine 4 ans, et ton petit visage tout rond a fait le tour du monde ! Entre différents posts donnant des tutos de sapins en papier toilette et des idées cadeaux pour les fêtes, on te voyait là, assis sur une chaise, avec une dame – ta maman peut être – s’agitant autour de toi.
Vois-tu, cher petit garçon, tu as à peu près l’âge de mon fils. Il s’appelle Robin, il est en pleine santé et il a l’immense chance d’aller à l’école. Le matin, quand il se lève, il a un petit déjeuner chaud qui l’attend, avec des tas de bisous. Il part le ventre plein dans notre voiture climatisée, s’amuse innocemment avec ses copains, mange à midi le repas que je lui ai préparé, fait une sieste, joue avec une montagne de jouets, prend un bain bien chaud, mange de nouveau un repas équilibré, a le loisir de faire un caprice pour choisir son livre et enfin se couche dans un lit moelleux dans une maison bien chauffée.
Vois-tu, cher petit garçon, ça, c’est mon monde, et le monde de mon fils. Je ne sais pas comment c’est chez toi, mais je crois quand même que ton monde est un peu différent. Sur la vidéo, je t’ai vu le visage plein de sang – celui de ta maman aussi d’ailleurs. Et tu sais ce que tu faisais ? Rien. Tu ne pleurais pas. Tu ne criais pas. Tu ne parlais pas. Tu étais juste là, assis sur ta chaise, dépassé par la situation.
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